retour difficile

Admin Messages : 172 Date d'inscription : 27/09/2009 Age : 41

Enfin chez soi... Liloo était enfin revenue dans cette demeure, sa demeure qu'elle avait déserté voila quelques mois. Les enfants étant couchés, Liloo marcha lentement en direction du petit ruisseau qui se tenait près de sa maison.

Elle était enfin chez elle, heureuse de retrouver ses repères et le bon air frais de son village qui lui manquaient tant. A quelques pas se trouvait un rocher dissimulés entre les hautes herbes qui entouraient le ruisseau. Rocher qui lui avait rappelé tant de souvenirs...

Elle s'approcha puis s'installa, repensant à ce jour où elle avait annoncé à son époux l'arrivée de leurs enfants, leurs deux petites merveilles qui avaient bien grandies aujourd'hui. Un sourire marqua le visage de Liloo à cette pensée puis s'effaça quelques instants après... La nouvelle qu'elle venait d'apprendre était encore trop douloureuse pour elle...

Son petit Ethan grandissait bien. Il était fort et ressemblait de plus en plus à Rhémy... Il avait été le premier de ses deux enfants à naître, suivie de près par sa petite Amélia. Son arrivée avait été mouvementée et à plusieurs reprises, Liloo avait faillie la perdre lors de sa venue au monde. Heureusement, son amie avait su faire le nécessaire pour sa petite fille. Contrairement à son fils, Amélia était fragile. Elle avait beaucoup moins d'appétit, tombait malade régulièrement...

Des larmes commençaient à couler le long des joues de Liloo. La seule pensée de perdre sa fille était pour elle insurmontable. Elle avait vu de nombreux médicastres mais aucun n'avait su dire ce qui provoquait cet état chez sa fille. Liloo se trouvait seule face à tout cela et ne savait plus quoi faire pour aider sa petite Amélia. Elle devait pourtant trouver et rapidement.

Prévenir son époux... Elle devait le faire. Il devait se trouver loin de la Champagne, inconscient de ce qui arrivait dans sa famille. Cela faisait des semaines qu'elle ne lui avait pas donné de nouvelles et n'en n'avait pas reçu non plus... Ouvrant sa besace, Liloo en sortit une plume et son encrier qu'elle emmenait toujours avec elle depuis qu'elle était partie. Elle posa ensuite un parchemin sur le rocher et commença à écrire...

Citation :: Mon amour,

Je suis enfin de retour dans notre demeure. Je ne sais où tu te trouves aujourd'hui et je m'inquiète de ne pas avoir de tes nouvelles. Cela fait maintenant plusieurs semaines que tu n'as donné aucun signe de vie...

J'aurais aimé t'apporter de bien meilleures nouvelles mais je dois t'apprendre que notre petite Amélia est encore bien plus fragile qu'à sa naissance. J'ai vu plusieurs médicastres qui n'ont pas su me dire comment tout cela était arrivé. J'ai peur Rhémy... Peur de ne pas savoir quoi faire pour notre fille, peur de devoir la perdre...

J'espère que cette missive te parviendra rapidement et que tu seras bientôt de retour parmi nous

J'ai besoin de toi...

Je t'aime

Ta Liloo

La missive était brève mais Liloo n'avait pas le coeur de rentrer dans des explications qu'elle ne connaissait pas elle même. Elle espérait juste que son époux serait près d'elle et qu'il saurait quoi faire. Pliant le parchemin, elle se dirigea ensuite vers le petit pigeonnier qui se trouvait près du ruisseau. Elle n'avait pas le temps de retourner au village et remettre le courrier à une personne qui pourrait le transmettre à son époux. Son meilleur pigeon ferait donc l'affaire. Il suffisait juste qu'il ne se perde pas en chemin... Attachant la missive, elle laissa ensuite le volatile prendre son envol... Liloo resta sans bouger, regardant quelques secondes dans le ciel.

Admin Messages : 172 Date d'inscription : 27/09/2009 Age : 41

Les jours passaient et Liloo n'avait toujours pas de nouvelle de Rhémy. Son pigeon ne lui était pas revenu non plus... Son époux était peut être introuvable ou alors le volatile n'avait pas survécu au voyage. Cette dernière solution était probable... Il faut dire que ce bon vieux Vaillant se faisait quelque peu âgé et ses ailes n'étaient plus ce qu'elles étaient. Si elle n'avait pas de nouvelle à la fin de la journée, Liloo irait en ville confier une autre lettre à un villageois qui serait prêt à la porter à Rhémy mais avant ça, elle devait rester au chevet de sa fille...

Sa petite Amélia... Elle n'avait que deux ans et déjà la profondeur de la mort la guettait... Allongée dans son petit lit, le visage livide, Amélia dormait... Liloo s'approcha d'elle et s'allongea doucement près du petit corps chaud de sa fille. Caressant ses petites boucles blondes, Liloo ne cessait de la contempler.

Tout comme son petit Ethan, Amélia ressemblait elle aussi beaucoup à Rhémy. Les traits de son visage, son regard... Tout lui rappelait son époux. Son époux qui se trouvait je ne sais où... Ses pensées furent troublées lorsque Amélia commença à s'agiter. Les yeux toujours fermées, elle secouait la tête en ne cessant de répéter

M'man... M'man...

Liloo approcha son visage de celui de sa fille et lui murmura

Je suis là Amélia... Maman est près de toi... Chut... Rendors toi ma chérie

Quelques minutes plus tard, la porte de la chambrette s'ouvrit doucement. Liloo tourna la tête et aperçu sa seconde fille, Gl@dys

Maman, y'a un monsieur à la porte qui demande à te voir

Se relevant doucement pour ne pas réveiller Amélia qui venait de se rendormir, Liloo esquissa un sourire à Gl@dys

Merci ma chérie, j'arrive tout de suite

Elle se retourna ensuite vers le petit lit et déposa un baiser sur le front d'Amélia avant de sortir. S'avançant ensuite vers l'entrée de la maison, Liloo se demandait qui pouvait bien lui rendre visite. Sur le seuil de la porte, un homme qu'elle ne connaissait pas se tenait droit comme un I, une missive à la main

Vous désirez me voir ?

L'homme leva la tête et s'avança d'un pas, relevant la main qui portait le courrier

Si vous êtes Dame Liloo alors oui c'est vous que je désire voir. J'ai une missive pour vous. Je devais vous la remettre en main propre

Prenant le parchemin que le porteur lui tendait, Liloo le remercia en le gratifiant d'un sourire. Elle fouilla ensuite dans sa poche et lui tendit quelques écus pour la course qu'il venait de faire.

Avec une certaine appréhension, elle décacheta le tout et déroula le parchemin. Au fur et à mesure de la lecture, les yeux de Liloo se gonflèrent et les larmes commencèrent à couler...

Citation :: Rouen, le 18 Mai 1458.

Liloo....

J'ai bien reçu ta lettre ce matin au petit jour... comme j'avais reçu la précédente il y a déjà quelques jours.
Je me trouve à Rouen où j'ai décidé de séjourner quelques temps, et si j'ai tant tardé à te donner des nouvelles et à répondre à tes lettres... c'est que j'ai longuement hésité sur le sens à donner à ce courrier que tu es en train lire.

Ma vie a beaucoup changé depuis ton départ Liloo... elle ne ressemble plus à celle que nous partagions... Je ne vis que de petits travaux ici où la au gré des vents et au jour le jour, sans penser à demain, sans but....

Je ne reviendrai pas en Champagne Liloo... tout au plus pour y prendre les derniers souvenirs que j'y ai laissé, et les quelques économies qu'il me reste encore...

J'ai fait le deuil de cette vie là... j'espère pouvoir un jour définitivement l'oublier...

En attendant, ne me reste que l'espoir de me reconstruire un jour mais ce jour la n'est pas encore venu...

Vous restez, toi et les enfants, au plus cher de mon coeur... mais aujourd'hui ma place n'est plus parmi vous... Je sais que tu feras ce qu'il y a de mieux pour eux, j'en suis moi meme incapable...

Toutes mes pensées vont vers notre petite Amélia... et je prie chaque jour que grace lui soit accordée...
Je n'oublie pas Mathi@s et Gl@dys, non plus notre petit Ethan... Je ne t'oublie pas également...

Je les embrasse tous ainsi que toi de tout mon coeur...

Prends soin de toi... et prends soin d'eux...

Rhémy.

La nouvelle qu'elle attendait venait de tomber... Rhémy ne reviendrait pas...

Admin Messages : 172 Date d'inscription : 27/09/2009 Age : 41

Gl@dys s'était éclipsée quand sa mère était venu à la rencontre de l'homme qui attendait sur le seuil de la porte. Elle avait rejoins Mathi@s qui jouait tranquillement dans le salon. Ethan quant à lui dormait paisiblement dans sa chambre.

N'ayant que six ans, Gl@dys comprenait bien que sa petite sœur Amélia était malade. Elle ne sortait quasiment plus de sa chambre et Liloo s'occupait très souvent d'elle, bien plus souvent que ses autres enfants... Sa maman lui avait dit un jour qu'Amélia était un bébé fragile et qu'elle avait besoin d'une grande attention mais qu'elle nous aimait tous et qu'elle était fière d'avoir des enfants aussi gentils que nous.

Un peu jalouse à l'arrivée de ces deux nouveaux nés, Gl@dys avait finie par accepter que la famille s'agrandissait. Elle était aussi l'ainée de ses trois frères et sœur et devait donc montrer l'exemple. Elle resta donc à jouer avec son frère quelques instants, se demandant tout de même qui était la personne qui voulait voir sa mère.

Les minutes s'écoulèrent... Un son provenant de la cuisine fit sursauter Gl@dys. Se relevant doucement, elle tendit l'oreille pour mieux écouter... Des pleurs... Des pleurs résonnaient au loin. Ni une ni deux, elle sortit du salon et entra dans la cuisine.

Liloo se tenait devant la fenêtre, une missive à la main. Le visage englobé de larmes, elle s'était retourné à l'arrivée de sa fille

Maman ? Pourquoi tu pleures ?

Liloo chassa ses larmes d'un revers de la main

Pour rien ma Gl@dys... Ne t'en fais pas...

C'est à cause d'Amélia que tu pleures ? C'est de ma faute si elle est malade maman... J'ai pas été une gentille sœur avec elle...

Gl@dys n'eut pas le temps de finir sa phrase que sa mère s'était rapproché d'elle

Non ma chérie, tu es une très bonne soeur et ce n'est pas du tout à cause de toi. Tu te souviens quand je t'avais dis qu'Amélia était fragile ?

Gl@dys hocha de la tête en signe d'affirmation

Hé bien depuis qu'elle est toute petite, ta soeur n'a pas réussi à prendre les forces qu'elle devrait avoir aujourd'hui et c'est pour cela qu'elle est souvent malade. Elle a besoin de beaucoup d'attention et c'est ce que tu fais avec elle.

Mais alors pourquoi elle arrive pas à guérir ?

Liloo ne savait pas quoi dire. Que répondre à une enfant de six ans ? Lui dire que sa petite sœur faiblissait de jour en jour et qu'elle risquait de la perdre ? Comment lui annoncer aussi que son père ne reviendrait jamais... Deux nouvelles que Liloo devait apprendre à ses enfants mais elle ne trouvait pas le courage de le faire. Il fallait pourtant bien à répondre à la question que se posait Gl@dys...

Gl@dys de son côté dévisageait sa mère. A quoi pouvait elle bien réfléchir ? Elle savait bien que quelque chose se passait mais elle avait peur de ce qui arriverait par la suite. Elle tira légèrement sur la houppelande de sa mère puis celle ci la regarda

Je ne sais pas ma puce. Peut être qu'il lui faut du temps avant d'aller mieux. Peut être aussi qu'elle est trop fatiguée pour y arriver

Gl@dys commença à sentir les larmes couler. Sa mère l'enlaça puis lui caressa les cheveux

Mais tu sais, je suis sûre que si nous montrons à ta petite sœur que nous l'aimons tous et que nous sommes près d'elle, un jour elle ira mieux... Je trouverais aussi un bon médicastre qui saura comment nous aider, tu verras...

Toujours les larmes aux yeux, Gl@dys baissa la tête pour ne pas que sa mère la voit ainsi. Elle attendit quelques secondes puis discrètement, passa la manche de sa chemise sur son visage

Maman ? papa Rhémy il est au courant qu'Amélia est malade ?

Liloo n'avais pas parlé de Rhémy depuis notre venue au village. Elel savait que son père voyageait en ce moment mais elle ne comprenait pas pourquoi Liloo ne leur donnait pas de ses nouvelles

Il est au courant oui... Mais il est très loin et ne peut malheureusement pas venir tout de suite... Il va bien et me dit sur son courrier de vous embrasser et qu'il pense très fort à vous

Son courrier... C'était donc une lettre de son père que sa maman tenait dans ses mains... C'était donc aussi à cause de certains de ses mots qu'elle avait pleuré. Le visage de sa mère montrait qu'elle ne lui disait pas tout... Fallait il lui poser d'autres questions ? Non... Liloo venait de lui dire que son père allait bien, c'était le plus important. Amélia était devenue la priorité de la famille et elle avait besoin de nous...

Admin Messages : 172 Date d'inscription : 27/09/2009 Age : 41

Deux jours s'étaient écoulés depuis la missive de Rhémy et Liloo n'avait toujours pas eu le courage d'y répondre. Bien qu'elle pensait avoir perdue son époux, elle ne savait pas comment réagir à l'annonce qu'il lui avait faites, ne savait pas ce qui avait bien pu se passer durant son voyage. La retraite de Liloo avait été longue. A vrai dire elle avait durée quatre longs mois... Mais même loin de sa famille, elle ne les avait pas oublié. Comment lui avait il pu le faire aussi vite ? Lui qui lui avait promis de l'attendre, d'être là quand elle serait de retour... Encore un mensonge que Liloo devait affronter.

Deuxième échec aussi qu'elle devait surmonter. Après l'infidélité de K@l, son premier époux, Liloo devait à présent affronter le regard de ceux qui trouveraient étrange que Rhémy ne soit pas près d'elle... A ses amis elle répondrait la vérité, aux autres, un simple voyage ferait l'affaire. Voila qu'elle même se mettrait à mentir mais elle n'avait pas le cœur à supporter les regards compatissants. Liloo était forte et elle avait une autre priorité bien plus importante que la disparition soudaine de son époux...

Amélia... Sa petite fille avait besoin d'elle... Son état n'avait heureusement pas empiré depuis des jours, ce qui rassurait un peu Liloo. Pas d'amélioration non plus cela dit... Elle avait reçu des dizaines de courriers de médicastres depuis son retour mais aucun ne se donnait la peine de comprendre. Elle avait droit pour réponse à un "je suis désolée mais rien n'explique l'état de votre fille. Rendez vous à l'évidence Dame, elle est mourante..." ou alors à un "je me trouve bien trop loin de chez vous et je crains que le temps que ma charrette me porte jusqu'à vous, votre fille aura rejoins Aristote"... Pas un ne se donnait la peine de se déplacer et voyager avec Amélia était devenue impossible pour Liloo. Elle gardait pourtant la conviction d'un miracle et continuait à envoyer des missives dans le sud... Le trajet serait long certes mais peut être qu'un médicastre lui donnerait un peu d'espoir...

L'espoir... C'est avec cela que Liloo vivait désormais. L'espoir que sa fille aille mieux, l'espoir qu'elle vive une vie d'enfant et non de malade... Ses enfants étaient désormais la seule chose qui la retenait ici. Pour eux elle devait donc se battre et faire en sorte de leur offrir une bien meilleure vie qu'elle avait eu...